Le cirque se porte bien

3 juillet 2023
Noemi De Clercq, directeur de Circuscentrum, réfléchit sur le secteur du cirque

Les artistes concoctent de nouvelles créations dans les pôles et ailleurs. Ils y travaillent d’arrache-pied, et de nombreuses premières prometteuses sont au programme. Aussi, des œuvres moins récentes seront également présentées en Belgique et à l’étranger, touchant à chaque fois un nouveau public. Les centres culturels flamands affichent plus de 300 spectacles de cirque pour la saison 2023-2024. C’est beaucoup pour une petite région comme la Flandre, sans même parler des nombreux festivals de cirque qui s’empressent de programmer un large éventail d’œuvres artistiques. Il y aura une nouvelle fois du cirque à voir et à découvrir partout et tout au long de l’année.

Il est clair que le cirque fait désormais partie du paysage et qu’il a su gagner ses lettres de noblesse. À l’étranger également, les arts du cirque flamands suscitent l’intérêt. Cette situation ne s’explique pas seulement par les investissements des agences de réservation, des agences de diffusion et de la politique. Bon nombre d’œuvres de qualité se vendent tout simplement d’elles-mêmes.

Mais comment vont les artistes ? Quel regard portent-ils sur leur carrière ? Quels défis rencontrent-ils dans leur parcours ? Bien que le niveau de satisfaction au travail des professionnels du cirque soit remarquablement élevé, le bât blesse encore dans certains domaines (voir le commentaire relatif à l’étude sur les carrières dans le cirque). Car il faut bien l’admettre : comparé à bon nombre d’autres secteurs, on se contente encore de (trop) peu. Et c’est dangereux pour un secteur qui est en train de se professionnaliser. Dangereux au sens littéral, car tout défaut d’encadrement compromet la sécurité et est source d’accidents.

D’autre part, les artistes ayant participé à l’étude insistent aussi, parmi les conditions pour rester actifs dans le secteur, sur la nécessité de garantir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, d’assurer une assise financière solide, de bénéficier du soutien des agences de management, de prévoir davantage de possibilités de développement et de réflexion et d’accorder de l’attention au bien-être physique et mental. Combien les artistes de cirque sont-ils aujourd’hui à assumer, en plus de leur entraînement physique intensif et de leur recherche artistique, les rôles de producteur, de technicien, de coach et de promoteur de leur propre œuvre ? Et combien de temps cela peut-il encore durer ?

S’il est vrai que nous n’avons rien à envier à bon nombre de nos voisins en termes de cadre de travail, nous savons que l’écosystème du cirque est encore en plein développement et qu’il compte également des maillons plus faibles. Le nouveau Décret du cirque est un instrument unique – nos confrères à l’étranger nous le disent assez souvent –, mais le potentiel pourrait être mieux exploité encore. Souvent, les connaissances et les ressources ne suffisent pas à créer les bonnes conditions pour ces professionnels.

Rien n’est plus dangereux que de se reposer sur ses lauriers quand on a l’impression que tout va bien. Car chaque jour, on se rend compte qu’il y a encore beaucoup de progrès à réaliser. Les démarches en matière de sécurité et d’inclusion que Circuscentrum entreprend actuellement en collaboration avec le secteur visent à jeter des bases solides pour le futur (voir article sur la démarche « sécurité »). On progresse dans d’autres domaines également.

Il n’y aura jamais assez de soutien.

À l’approche des élections communales et provinciales, des élections fédérales et des élections européennes de 2024, nous profiterons de chaque occasion pour attirer l’attention sur le fort potentiel du secteur et pour trouver un plus grand nombre d’alliés désireux de soutenir le cirque, de faire une place au cirque, en tant qu’art de la scène, dans de bonnes conditions – un art qui a ses propres règles, besoins et atouts.

Ce n’est que de cette façon que nous pourrons donner aux arts du cirque la possibilité de grandir durablement et de devenir la forme d’art du futur par excellence.